Dans un avenir rel­a­tive­ment proche, une entre­pre­neure québé­coise réus­sit à met­tre en marché des poupées, des petits robots qui ont l’apparence d’enfants, qui sont capa­bles d’apprendre et d’évoluer en fonc­tion des out­ils d’apprentissage que leur four­nissent leurs pro­prié­taires. Ces objets devi­en­nent rapi­de­ment pop­u­laires et, un peu à la manière d’un enfant biologique ou d’un ani­mal de com­pag­nie, ils dévelop­pent des com­pé­tences et devi­en­nent de plus en plus « humains ». Devant le suc­cès de ces com­pagnons, des groupes con­tes­tataires se for­ment, accu­sant la com­pag­nie qui les pro­duit de provo­quer ou d’encourager la pédophilie, entre autres. Les jou­ets sont détru­its, leurs pro­prié­taires traqués et harcelés. Loin de la clameur du monde, Sim, un mod­èle 5033, est l’un de ces com­pagnons, adop­té par un fer­mi­er de Sorel doté de patience et d’un sens inné de la péd­a­gogie. Entouré de Choco le chien et de Fils­de­jean-Poule478 (une poule, on l’aura dev­iné), Sim s’éveille et devient, sous nos yeux, un petit garçon. Quand son maître meurt et que son intégrité est men­acée, Sim n’a d’autre choix que d’entrer dans la forêt pour fuir la vio­lence du monde. C’est là le tour de force de J. D. Kurt­ness. Elle avait su nous faire éprou­ver de la sym­pa­thie pour une tueuse en série dans De vengeance, elle nous avait trans­mis la nos­tal­gie d’une baleine dans Aquar­i­ums, voilà qu’elle nous fait tomber en amour avec un petit garçon arti­fi­ciel, un Pinoc­chio des temps mod­ernes. Dans ce roman qui prend des airs de fable, la tech­nolo­gie ren­con­tre la nature, la bon­té de cer­tains ne peut pas tenir face à la cru­auté des autres, et les humains ne sont pas que faits de chair et d’os.