La trilo­gie Corvus, présen­tée par DRAC Berthi­aume, se décline en trois opus : L’opus 1, Le Con­te. Cet opus relate, sous la forme d’un con­te, un événe­ment pour le moins éton­nant qui s’est pro­duit dans les années 1860 dans les Cantons-de‑l’Est, alors que des cheminots qui avaient ter­miné leur sec­tion de voie fer­rée ont dû pouss­er un train à bras d’hommes sur plusieurs kilo­mètres afin d’être rémunérés ! Ce fait his­torique véridique qui peut paraître anec­do­tique a han­té l’auteur pen­dant 45 ans. L’opus 2, Le huis clos, repose sur le procédé nar­ratif de la bande dess­inée et met en abîme l’opus 1. L’histoire se con­cen­tre sur Léo, un cheminot qui, avec son frère Théo, a vécu l’expérience de la con­struc­tion de cette sec­tion du Grand Tronc et l’épisode du train remorqué par des hommes. L’opus 3, Les Car­touch­es, formelle­ment plus éclaté, trace par des dessins aux styles var­iés et de courts textes le por­trait des pio­nniers qui ont défriché et tracé les pre­mières voies fer­rées des Cantons-de‑l’Est, dont la sec­tion du Grand Tronc, qui cou­vrait le Québec, l’Ontario et une par­tie des États-Unis. Cet opus, disponible en for­mat PDF sur la Toile, est offert gra­tu­ite­ment aux lecteurs des deux autres opus. Le pre­mier opus, Le con­te, présente l’ouvrage Corvus, fine­ment gravé par Clara, l’épouse de Théo, qui a été témoin de ces événe­ments dra­ma­tiques. L’autrice imag­i­naire les racon­te par ses gravures à tra­vers les yeux d’une corneille dont le nid a été saccagé par la déforesta­tion. Ce « con­te » per­met à Berthi­aume de bross­er un savant et poignant tableau d’époque, celle de la guerre de Séces­sion, une époque égale­ment mar­quante pour les Cantons-de‑l’Est, alors que se développe la ville de Water­loo, avec en toile de fond la coloni­sa­tion des ter­ri­toires des pre­miers peu­ples, le défriche­ment sauvage en vue de l’industrialisation, l’exploitation des Cana­di­ens-français par quelques rich­es anglo­phones, le rôle cen­tral joué par la famille et le clergé, ain­si que le traite­ment réservé aux atyp­iques par les neu­ro-nor­mat­ifs. L’auteur nous entraîne dans ce grand remous de l’histoire à tra­vers des dessins somptueux, où lignes et couleurs célèbrent l’expérience des pro­tag­o­nistes de cette épopée de l’ordinaire.