Ce que met­tent en jeu les let­tres qui com­posent Cher Milan Kun­dera, c’est la gloire. Pas le quart d’heure de célébrité auquel tout le monde pour­rait pré­ten­dre mais la gloire durable, celle qui se pro­longe sous le nom de postérité voire d’immortalité. Elle ne récom­pense pas tou­jours des actes héroïques voire guer­ri­ers, la gloire ! Non, elle tient, par exem­ple, dans les trois notes de musique d’une chan­son­nette ; les quelques coups de cray­on d’un dessi­na­teur ; le vers inou­bli­able d’un poème ; un trait d’esprit mondain. La gloire tient ici au con­tenu de huit let­tres toutes restées sans réponse. Let­tres mortes ? Non ! Car le silence de leurs des­ti­nataires dit tout. Cer­tains d’entre eux sont célèbres : Milan Kun­dera, Mar­cel Duchamp, Fidel Cas­tro, Piranèse. Quant aux autres, un peu de per­spi­cac­ité suf­fi­ra à les démas­quer : le grand Técrivain, la pianiste vir­tu­ose… Ils ont en com­mun d’avoir con­nu la gloire par suite d’un quipro­quo ; en somme, pas du tout comme ils l’attendaient.