Roger Frap­pi­er appar­tient à la caté­gorie des pro­duc­teurs de ciné­ma touche-à-tout. Cri­tique, mon­teur, réal­isa­teur, mil­i­tant, pro­duc­teur, il a con­tribué pen­dant un demi-siè­cle à l’affirmation du ciné­ma québé­cois, ici comme à l’étranger. Dès le début de sa car­rière, il a com­pris que le ciné­ma revê­tait une impor­tance stratégique pour une société mod­erne, et tout par­ti­c­ulière­ment au Québec, en voie d’émancipation. Il est inter­venu dans le débat pub­lic pour faire val­oir sa con­cep­tion d’un ciné­ma qui con­tribue à la con­struc­tion de l’identité québé­coise. Il a régulière­ment pris posi­tion sur les poli­tiques de développe­ment cul­turel. Il s’est bat­tu pour que les insti­tu­tions publiques don­nent aux cinéastes les moyens de leurs ambi­tions et que se développe un ciné­ma d’auteur qui vise l’excellence et le ray­on­nement inter­na­tion­al. Il a per­sévéré, en dépit des décon­v­enues, pour attein­dre un suc­cès mon­di­al. En une quar­an­taine d’années, il a pro­duit plus de 50 films, s’avérant le seul pro­duc­teur cana­di­en à avoir rem­porté trois Bobines d’or et qua­tre prix Génie du meilleur film. Trois de ses films ont été mis en nom­i­na­tion aux Oscars, pour en rem­porter un en 2021. Il a aus­si obtenu le Prix du jury au Fes­ti­val de Cannes, qui lui a ren­du hom­mage en 1998. Cet essai recon­stitue la tra­jec­toire de cet infati­ga­ble com­bat­tant qui a fer­rail­lé ferme pour la lib­erté des créa­teurs et pour qu’existe un ciné­ma national.