Pub­liée ini­tiale­ment en 1988, La plage des songes révèle les fon­da­tions d’un univers sur lesquelles Stan­ley Péan a su con­stru­ire une œuvre solide. Si l’écrivain a bien évidem­ment évolué au fil de ses trente-cinq ans d’écriture, soulignons qu’il écrivait déjà mag­nifique­ment. Les pro­tag­o­nistes de ce recueil de nou­velles sont tour à tour hap­pés par leurs sou­venirs, idéal­isés ou cauchemardesques, de cette Haïti qu’ils traî­nent dans leur exil, telle une cara­pace de tortue. Oscil­lant entre ten­dresse et humour noir, entre com­pas­sion et ter­reur, La plage des songes retrace les itinéraires sin­guliers de ces per­son­nages livrés aux caprices de forces sur­na­turelles et nous fait décou­vrir un autre vis­age du Québec con­tem­po­rain. Un livre fon­da­teur pour l’écrivain aujourd’hui célébré. « On fait d’étranges ren­con­tres dans les nou­velles de ce jeune auteur né à Port-au-Prince et élevé à Jon­quière. Mais le con­teur est si habile qu’il nous emmène dans l’envers des apparences sur le fil tran­chant de sa phrase flu­ide avec tant d’assurance que ces ren­con­tres devi­en­nent essen­tielles. De sorte que, même si on a affaire à des textes de fic­tion – ou peut-être est-ce pré­cisé­ment à cause de cela –, ils ren­dent un son puis­sant de vérité, beauté et hor­reur con­fon­dues. De sorte que, plus haut, plus loin, on a l’impression de voir se dessin­er sur le mur imag­i­naire de cette fin de siè­cle de trou­blantes ques­tions. L’exil n’est pas un état d’âme, mais ne sommes-nous pas tous plus ou moins en exil de nos songes, ceux qu’on voudrait oubli­er, ceux aus­si que nous voudri­ons pour­suiv­re ? » Jean-Roch Boivin, Le Devoir, 4 févri­er 1989