Sep­tième livre de Jean-Philippe Berg­eron (Grand prix Québecor du FIP­TR 2019), genèse, berceau, dessin de la lune explore « la bifur­ca­tion exis­ten­tielle » que la nais­sance d’un enfant peut opér­er en nous ; ce que le poète nomme « l’effondrement/en moi/​du moi ». Déployé en trois par­ties dont la tem­po­ral­ité évoque celle des rêves, le recueil s’ancre dans la « coexistence/​entre être/​et non être » pour déploy­er, autour de la nais­sance et au-delà, une phénoménolo­gie de l’apparition. L’enfant, ici, jail­lit d’un corps, d’un nom, et pour­tant nous sommes loin de la poésie con­ceptuelle, car au fil des pages le rythme même des poèmes s’attache à cal­quer sa res­pi­ra­tion : « je remplace/​un à un/​mes organes/​par tes premières/​pensées », peut-on lire, à mesure que s’incarne l’existence dans ce qu’elle a de plus brut et d’inattendu. Recueil d’un grand boule­verse­ment, genèse, berceau, dessin de la lune traduit mag­nifique­ment les « sec­ouss­es du monde intérieur ».