Derniers recours
Paru le 16 mars 2022
Français
On est à bout de souffle. À bout de tout. En manque d’une main qui nous secoure, nous prenne par en dessous, nous soulève de terre et nous remette debout. C’est une Voix, en fait, qui vient à notre rescousse : une parole qu’on émet ou qu’on entend au plus profond de soi ou du plus lointain de l’espace-temps, qui nous prend par le bras et ne nous lâche plus. Quelqu’un parle dans la nuit noire où l’on s’enfonce, et sa parole lui revient comme un boomerang pour le tirer de l’ombre et nous ramener avec lui dans la lumière où l’on voit plus loin que soi : le « noyau de sens » où un nouveau big bang retentira… dans le Verbe aux éclats qui nous ouvre les yeux et les oreilles sur ce qui rayonne dans l’air quand il ne reste plus rien, mais que ce rien-là vaut plus que tout. Cette voix s’adresse à nous. Non pas pour nous appeler à l’aide, mais pour libérer la Parole de ses attaches à la seule réalité, pour qu’elle vole enfin de ses propres ailes, dans le Possible, l’Éventuel, le Virtuel, grâce à cette vertu qu’elle a de tout réinventer dans des fictions plus vraies que nature. C’est à une défense et une illustration de la littérature comme lutte pour la survie ou guérilla intime contre les forces de destruction de notre humanité que nous assistons, participons en fait, contaminés que nous sommes par le virus du Verbe qui prolifère de récit en récit, et perpétue la chaîne de la mémoire et de l’imagination créatrices grâce à laquell