Ève Leroy aime les chiffres et les dic­tées, mais déteste les blagues de son père. Quand on lui demande de venir chercher son urne au salon mor­tu­aire, elle croit, à tort, à une autre mau­vaise blague. Puis, un notaire lui apprend qu’a­vant de mourir, son père a demandé qu’elle veille sur Émile, son demi-frère, qui souf­fre de prob­lèmes neu­rologiques et vit à la rési­dence Le Col­ib­ri. Or, Ève con­naît à peine ce demi-oncle et n’a ni l’en­vie ni les com­pé­tences, croit-elle, pour s’en occu­per. Mais comme elle a un grand cœur, même s’il lui arrive de râler, elle accepte son nou­veau rôle, et sa vie prend un tour inat­ten­du entre son tra­vail de compt­able, le choix d’un emplace­ment au cimetière (avec vue, de préférence) et ses vis­ites à Émile. Dans Cimetière avec vue, Françoise Cliche abor­de des sujets graves avec vivac­ité et une bonne dose d’hu­mour. Mais ne rangez pas vos mou­choirs trop loin. Il était temps qu’un roman entre dans l’u­nivers des rési­dences pour per­son­nes en perte d’au­tonomie, un lieu que la pandémie a ren­du tris­te­ment célèbre, qu’en général nous con­nais­sons peu et que Françoise Cliche nous présente avec réal­isme. Nous le décou­vrons ici en même temps qu’Ève qui se fâche con­tre la direc­trice, s’in­quiète de la tristesse du voisin d’Émile, joue au bin­go, con­fec­tionne des bis­cuits, assiste à un hor­rip­i­lant con­cert de Noël, observe la cir­cu­la­tion des mar­che­ttes, etc. De nom­breux pas­sages, très savoureux, nous font sourire et rire.